Voici un article sur la « Petite Voisin » 8 HP (C4) paru dans Le Génie Civil du 20 octobre 1923 (trouvé sur le site de la BNF) à l’occasion du salon de l’auto de cette même année. Pour rappel, la C4 est sortie en 1922 et a été commercialisée jusqu’en 1926 (avec la C4S, son évolution avec un moteur d’1.3L). Elle sera remplacée par la C7 (1925-1929).
Voici donc:
VOISIN, 8 C. V., type C. 4.
La maison Voisin a cherché à Conférer à son châssis 8 C. V. les qualités de confort et d’agrément qui étaient restées jusqu’ici l’apanage presque exclusif des grosses voitures. Ce châssis se distingue par la valeur de sa suspension, par sa tenue sur route aux grandes vitesses et par
son élégance, ainsi qu’on peut en juger par la photographie du torpédo de tourisme (fig. 17). La figure 18 donne la photographie de l’ensemble du châssis, vu en plan.
Le moteur, du type Knight, sans soupapes, est un quatre-Cylindres monobloc de 60 millimètres d’alésage et de 110 millimètres de course. Les fourreaux de la distribution sont commandés par un seul arbre à excentriques. Le carburateur automatique est alimenté par un réservoir en charge.
L’éclairage et le démarrage électriques sont assurés par un dynamoteur (génératrice et moteur combinés) monté directement en bout du vilebrequin. On supprime ainsi toute commande intermédiaire, bruyante et sujette à avaries; en même temps on dégage les côtés du moteur. L’allumage est fait par magnéto à haute tension. Le graissage a lieu sous pression an moyen d’une Pompe à engrenages. Le refroidissement fonctionne sur le principe du thermosiphon.
L’embrayage, du type à cône, et le changement de vitesses sont montés dans un carter qui est solidaire de celui du moteur. Il y a trois combinaisons de marche avant et une marche arrière moyen de deux baladeurs.
Les ressorts de suspension avant et arrière sont droits.
La direction est à vis et écrou; les bielles de commande et d’accouplement sont montées à rotule avec rattrapage automatiquee du jeu.
La voiture est munie d’un frein au pied agissant sur les quatre le frein à main agit seulement sur les roues arrière. Elle peut être munie de la transmission D. S. de Lavaud, l’une des principales nouveautés du Salon, qui permet la suppression de la boite de vitesses et du différentiel, en assurant un changement de vitesses automatique rigoureusement progressif; nous reviendrons sur cette intéressante invention.
Rappelons que cette voiture, avec son petit moteur de 1240 centimètres cubes, peut atteindre, en palier, une vitesse de 100 km/heure dans le cas d’un torpédo léger et de 85 km/heure dans le cas d’une conduite intérieure. Elle s’est signalée dans le raid Paris-Nice, où les seuls arrêts autorisés étaient ceux nécessaires au ravitaillement. Elle a également accompli le raid Paris-Milan (890 kilomètres) en 16 heures avec 2 h. 20 m. d’arrêt.
Voici un autre article sur cette auto, paru la même année dans DAS (La Défense Automobile et Sportive) d’octobre 1923 (merci Médéric 😉 ), article sur le salon de l’automobile 1923,
Première visite aux stands:
La 8 H.P. VOISIN
Le succès qu’ont connu dés leur apparition ces voitures est la consécration de l’effort persévérant soutenu par Gabriel Voisin depuis le moment où il a décidé de faire des voitures automobiles.
Depuis que ces voitures existent, en effet Gabriel Voisin a pris part, systématique.ment à toutes épreuves automobiles: courses de côte, courses de vitesse, concours de tourisme, de démarrage, épreuves de consommation… et partout ou presque partout, il a été vainqueur.
Le public ne s’est pas trompé dans la conclusion qu’il fallait tirer de ces résultats, et a fait aux voitures Voisin un accueil que n’ont connu les produits d’aucune autre marque dans l’industrie automobile.
La fabrication a été longtemps limitée à la voiture 18 HP, actuellement universellement et avantageusement connue. Ce n’est que lorsqu’il a jugé que ce modèle était rigoureusement au point et que son activité ne pouvait pas trouver d’aliment dans le perfectionnement, qu’ il s’est décidé sur la demande d’ailleurs de plus en plus impérieuse de la clientèle, à créer un modèle plus petit, qui marche d’ailleurs au point de vue succès glorieusement sur les traces de son aînée.
La 8/10 HP a paru l’année dernière, et un grand nombre d’exemplaires de ce joli châssis circulent maintenant sur toutes nos routes; il nous paraît néanmoins tout à faut opportun de donner à nos lecteurs, au moment du Salon, un aperçu de cette superbe voiture qu’ils pourront admirer au Grand Palais.
Voici les dimensions du châssis:
Longueur totale:…………………………………………… 3 m. 790
Empattement:………………………………………………. 2 m. 855
Voie:…………………………………………………………….. 1 m. 300
Largeur avant:……………………………………………… 0 m. 544
Largeur arrière:……………………………………………. 1 m
Entrée de carrosserie:……………………………………. 1 m. 760
Longueur de carrosserie:……………………………….. 2 m. 320
Distance du point k plus bas du châssis au sol:…. 0 m. 200
Le moteur, du type Knight, est un quatre cylindres 70 d’alésage, 110 de course. Le carburateur est un Solex horizontal alimenté par le réservoir placé dans l’auvent du torpédo Le démarreur électrique est disposé au bout de l’arbre-vilebrequin; dynamo et démarreur du type combinés.
L’embrayage est du type à cône. Le boite ne comporte que trois vitesses avant et une marche arrière…
La direction est du type à vis et écrou montée entièrement sur roulements et butées à billes. Toutes les articulations de la timonerie sont montées à rotule avec rattrapage de jeu automatique.
Les freins sont placés sur les 4 roues: la pédale agissant à la fois sur les quatre freins tandis que le levier ne commande que les freins de roues arrière.
Les roues sont garnies de pneus 765 x 105
La Carrosserie
Souvent, jusqu’à ce jour, la carrosserie d’une voiture n’intéressait pas le constructeur du châssis. Il n’en a pas été de même chez Voisin qui, partant de cette idée évidemment logique et cependant trop méconnue qu’une voiture automobile comporte aussi bien une carrosserie que des organes mécaniques, et que la carrosserie mérite de retenir l’attention du constructeur autant que le châssis lui-même, a étudié spécialement cette question, et on peut dire qu’il en a trouvé une solution particulièrement satisfaisante, comme chaque fois d’ailleurs qu’il applique son esprit inventif et logique à la solution d’une question nouvelle.
Le base de le carrosserie Voisin est constituée par une plaque de tôle d’aluminium assez épaisse qui est solidement boulonnée sur le longeron du châssis, et qui déborde assez fortement à droite et à gauche de celui-ci. C’est sur les bords de cette feuille que viendra reposer la carrosserie On voit ainsi que la feuille d’aluminium servant de fond à la caisse, a d’abord pour premier rôle de consolider le châssis en lui aidant à résister avec des déformations moindres, aux efforts qu’il subit de le part des inégalités de le route.
Grâce à l’indépendance relative des bords de cette plaque par rapport aux longerons du châssis en raison de l’élasticité même de la feuille d’aluminium, le châssis conserve cependant une certaine liberté tout en laissant à le carrosserie une indépendance relative.
La carrosserie dans laquelle les carrossiers semblent généralement chercher à accumuler la plus grande quantité possible de bois, est presque entièrement en tôle d’aluminium épaisse sur les voitures Voisin. Le bois ne sert qu’a l’assemblage de ces tôles qui sont fixées sur lui par des vis de large dimension et non pas par des petits clous comme dans la plupart des caisses qui sortent de chez nos plus grands faiseurs.
La carrosserie forme donc un véritable caisson, présentant par elle-même une très grande résistance aux efforts mécaniques et qui peut, grâce à l’élasticité du métal qui le constitue, subir des déformations temporaires sans risquer jamais la dislocation.
Voisin dans les Courses
Nous ne voulons pas laisser échapper l’occasion, à propos de cette réalisation de carrosserie par le constructeur même du châssis, de dire quelques mots sur le côté sportif de la maison Voisin.
Comme chacun le sait, Voisin a pris part à toutes les compétitions sportives de ces dernières années, où il s est partout, brillamment placé. La place nous manque ici pour les citer toutes ; disons seulement le succès considérable remporté par Voisin au concours de consommation du Mans, où il sut montrer qu’une voiture rapide, confortable et relativement lourde pouvait en même temps être économique.
Le manque de temps ne lui permettait pas d’ailleurs, ainsi qu’il le signala dès le début, de prétendre aux premières places; il voulait seulement faire une démonstration de ce qu’on pouvait gagner avec des formes appropriées de carrosserie, et à cet égard il est arrivé pleinement à son but: une de ses voitures, en effet, se classa brillamment parmi les arrivants.
La réalisation de ces voitures a suscité une vive curiosité, et surtout, elle contribuera à orienter les constructeurs dans la voie nouvelle de l’amélioration des formes extérieures, si importantes pour l’économie; une fois de plus, Voisin aura tracé la voie du Progrès.