Tracta Type A-GePhi 1927

Encore une voiture rare et surprenante exposée lors du Retromobile de 2018, j’ai nommé la TRACTA Type A-GePhi de 1927.

La marque automobile TRACTA a été créée par deux amis à l’esprit novateur, Jean-Albert Grégoire (1899 – 1992), l’ingénieur, et Maurice Fenaille (1855-1937), le financier (pour faire simple).

Bien que cette marque ait fabriqué quelques automobiles de course, sa vocation première est de promouvoir et commercialiser sous licence leur brevet (déposé le 8/12/1926) qui permet la traction avant, le joint « homocinétique » dit « joint Tracta ».

Passionnés de courses automobiles, ils construiront donc leurs propres voitures à traction avant, ce seront les Tracta Gephi (j’imagine que « GéPhi » reprend les initiales des deux associés…) et Jean-Albert Grégoire en pilotera une lui-même aux 24 Heures du Mans en 1927 et finira 7ième dans des conditions rocambolesques:

2 voitures devaient participer, l’une pilotée par Grégoire et l’autre par Fenaille mais un accident avant la course envoie les 2 pilotes (et leurs 2 co-pilotes Boussod et Armand Bourcier) à l’hôpital, Fenaille étant dans le comas…

Grégoire se sauve de l’hôpital, recrute un co-pilote in extremis et… finit 7°…! La voiture à traction avant vient de faire ses preuves!

   

La marque Tracta participera encore en 1928 et aussi en ’29 et ’30 avec un modèle équipé d’un moteur compressé à 2 temps de 1000 cc, sans jamais démériter.

Le modèle ici présenté (châssis n°13) a participé aux 24 heures du Mans de 1928 sous le n° 31 (Roger Bourcier et Hector Vasena) et finit 16°. Elle réitérera l’exploit en 1929 (15° sous le n° 25, pilotée par  Lucien Lemesle et Maurice Benoist).

Son moteur est un SCAP de 1100cc inversé pour permettre la traction-avant. Il développe 55 cv et grâce à son faible poids et son centre de gravité très bas, elle peut monter à 140 km/h. Sa caisse est en alu! Elle est « matching number » et quasi 100% d’origine… C’est un véritable monument historique!

Entre 1927 et 1932, une centaine de voitures sortiront avec des moteur SCAP 1100 cc puis 1500cc et même des 6 cylindres Hotchkiss mais toutes auront été vendues à perte…

Aujourd’hui, il en resterait une douzaine…

Voici une présentation dans la revue Omnia de novembre 1927:

LA TRACTA A ROUES AVANT MOTRICES

La Tracta doit connaître le succès, car voiture de sport, elle est conçue pour répondre étroitement à son emploi.

Une voiture de sport est de destination même une voiture très rapide, appelée à être conduite très vite.

Or, la qualité maîtresse qu’on est en droit de réclamer à une telle voiture c’est la stabilité.

L’adoption des roues avant motrices n’est pas ici une fantaisie tentée pour donner au véhicule une physionomie particulière.

Un essai suffit pour convaincre que cette disposition procure à l’amateur de vitesse un très grand agrément et une sécurité exceptionnelle.

Tout concourt, d’ailleurs, à garantir ce résultat, car le véhicule a son centre de gravité très bas et les passagers sont eux-mêmes très près du sol, puisqu’ aucun organe mécanique ne gêne dans l’installation de la carrosserie.

A l’avant, les roues sont indépendantes, les axes de pivotement sont guidés par des colonnettes formant les côtés d’un parallélogramme en tubes.  Des ressorts en spirale sont utilisés pour la suspension.

A l’arrière, l’essieu est relié au châssis par des demi-ressorts inversés, licence Bugatti, avec contre-lames de réaction pour le freinage et amortisseurs à friction.

 

Le groupe moteur-transmission comporte: moteur, embrayage, boîte des vitesses, frein de mécanisme et carter de différentiel, le tout retourné vers l’avant.

L’entraînement des roues s’opère par deux arbres articulés avec un joint simple près du carter et un joint double dans le plan des pivots de fusée.

Toute la valeur d’une voiture à roues avant motrices réside dans ces deux raisons premières d’établissement, c’est ce que n’avaient pas compris les auteurs de tentatives qui ont échoué ou se sont montrées peu satisfaisantes.

Le joint Tracta à double noix oscillantes est une fort belle pièce de mécanique. Ses grandes surfaces de contact le rendent sûr et robuste.

Nous reviendrons sur cet ingénieux montage et sur l’essai de ce véhicule pour lequel le dérapage est inconnu.

(Est-ce la même personne qui pose dans et à côté de ces Tracta ci-dessous?)

Et maintenant, place aux photos de la belle:

 

Par ailleurs, le stand de l’Automobile Club de l’Ouest où elle était présentée était magnifique et délicieusement Art-Déco (tout comme le support de plaque arrière…), bravo!

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