cette sublime et énorme « berline » Rochet-Schneider (Type 9300 de 1909) était présentée à Epoqu’Auto (Lyon) de 2015.
Pour rappel, après avoir fondé leur société en 1889 pour fabriquer des vélos à Lyon, les deux associés Edouard Rochet et Théodore Schneider se lancent dans l’automobile dès 1896. Tout en reproduisant plus ou moins se qui se fait déjà (notamment des Benz), ils brillent très vite par leur qualité de construction, leur velléités sportives et leur capacité à monter les côtes (c’est la première auto à réussir à monter le Col du Galibier en 1896). Les succès en course seront nombreux et la notoriété est excellente.
Tout va pour le mieux mais en 1905, l’entreprise commet une erreur fatale en transférant les capitaux en Angleterre pour entrer en bourse. Ce sera un échec, qui provoqua la faillite en 1907 de la « Rochet and Schneider Limited ». En 1909 est recréée la « Société anonyme des établissements Rochet – Schneider » (avec, au passage le départ de Théo. Schneider) mais, même si l’entreprise connait son apogée entre cette période et la première guerre (grâce à ses autos toujours aussi bien construites et leur nouveau moteur « monbloc »), ce ne sera plus jamais comme avant… Ainsi, l’activité automobile va décliner et laisser une place de plus en plus importante aux poids lourds. (en fait, l’activité automobile est surtout soutenue par la filiale Zenith (les carburateurs) qui est rentable.). Le Slogan de la marque est tout simplement: « La voiture de qualité ».
L’Utilité Mécanique des Courses de Côte
Le travail d’une voiture dans une côte // La côte est un admirable terrain d’épreuve // La voiture de tourisme et les côtes
Si la course de vitesse sur un circuit régulier, sans rampes trop fortes, contrôle la régularité de marche du moteur, la course de côte, par l’inégalité des efforts qu’elle demande à un châssis, met à la fois à l’épreuve le moteur et le refroidissement, l’embrayage, le changement de vitesse, etc.
L’altitude même, dans certaines courses de côte, peut modifier le principe de carburation.
Quand la côte est en lacets, il arrive même (chose extraordinaire en apparence) que les freins eux-mêmes sont mis violemment à contribution. La côte du Ventoux, par exemple, abonde en virages brusques; il faut, par conséquent, ralentir fréquemment pour aborder la courbe à une allure modérée: d’où usage des freins.
Comme le moteur, par suite des ralentissements, travaille à des régimes variables, sa souplesse est mise en évidence.
Pour résister aux brusques changements d’allure en pleine côte, il faut que le changement de vitesse soit d’une solidité à toute épreuve, capable de résister à un brusque embrayage.
Parmi, les côtes des routes de France, accessibles à l’automobile, il en est peu qui puissent être comparées à celle du mont Ventoux: longueur exceptionnelle, rampe dont la valeur varie constamment, enfin virages fréquents.
La différence d’altitude est de 1.599 m, le départ étant à la cote 296 m et l’arrivée à la cote 1.895 m. Cette différence d’altitude se répartit sur un parcours de 42 kilomètres 600 m, ce qui donne une rampe moyenne d’environ 8 %.
Du départ à l’arrivée, la rampe augmente constamment; insignifiante pendant les 6 premiers kilomètres, elle s’élève à 10 % pendant les 16 kilomètres suivants, pour finir par une rampe de 13 %, le tout sur une route rocailleuse.
On peut donc dire que le parcours de cette côte du mont Ventoux est un brevet admirable de solidité pour une voiture.
La maison Rochet-Schneider enleva cette année les premières places dans la catégorie touriste comme dans la catégorie vitesse, ainsi d’ailleurs qu’au meeting de Salon, couru quelque jours après.
Dans la catégorie vitesse, Collomb sur sa voiture Rochet-Schneider, escalada le mont Ventoux en 24 m. 10 s., faisant le meilleur temps du meeting.
Au meeting de Salon, couru quelques jours après, Collomb, toujours sur sa Rochet-Schneider gagnait la Coupe Rothschild, 5 kilomètres, en 2 m.,11 s., 1/5, et le kilomètre lancé en 25 s. 1/5.
Ainsi, en palier comme en côte, la célèbre marque lyonnaise démontrait victorieusement sa supériorité.
Une des premières maisons en date dans l’industrie automobile, elle se classe également parmi les premières par la simplicité et la résistance de ses châssis et le confortable de ses voitures.
La tendance générale aujourd’hui est de rechercher, pour la route, une vitesse solide, grimpant bien les côtes, condition nécessaire pour réaliser une vitesse moyenne suffisante. Par ses succès en palier comme en côte, la marque Rochet-Schneider s’offre à l’attention des amateurs.
Jadis, le chauffeur même exigeant, se contentait dans sa journée d’une moyenne de 25 à l’heure, trop heureux si des pannes fréquentes ne la faisaient descendre encore plus bas. Parfois même la panne devenait définitive, et la seule ressource était de gagner l’auberge la plus voisine, en attendant un mécanicien.
Même quand la voiture marchait sans trop d’à-coups, il fallait se résigner à monter les côtes les plus faibles en première vitesse, quand toutefois le moteur, essoufflé, voulait bien les gravir. De ce fait, l’automobile était presque impossible dans les pays montagneux. Si sur le parcours à accomplir se trouvait une rampe trop accentuée, il était préférable de faire un long détour, plutôt que de s’exposer à faire descendre ses invités pour pousser la voiture.
D’ailleurs, un fait montre bien à la fois l’excellence des châssis de série, livrés aux clients, et la confiance du client dans sa voiture Rochet-Schneider. Le meeting de côte d’Origny-Sainte-Benoîte se courait sur un kilomètre en palier suivi d’un kilomètre en côte. Les voitures engagées pouvaient de cette façon montrer leurs qualité en plat aussi bien qu’en montée.
Or, la catégorie touristes fut gagnée par une Rochet-Schneider, engagée par un client qui conduisait lui-même la voiture dont il se sert journellement. Là il devient impossible de diminuer la signification de ce succès en disant que le châssis vainqueur a été construit exprès pour l’épreuve, puisque le premier venu peut acquérir le même. Elle est donc bien sans contredit la marque qui réalise les desiderata du public à l’heure actuelle.
La marque Rochet-Schneider est représentée à Paris par M. de la Fresnaye, le distingué directeur du garage de la rue lu Débarcadère. Sous son habile impulsion, la marque lyonnaise est désormais également une marque parisienne: la province conquiert Paris. Dans le salon d’exposition les visiteurs peuvent choisir la carrosserie, le châssis à leur convenance. Pour qu’ils puissent plus aisément se rendre compte des différents perfectionnements constamment apportés aux moteurs comme aux différents organes de la voiture, un châssis sans carrosserie est constamment à leur disposition.
Tous les renseignements sur le fonctionnement du moteur, sur la consommation, les prix, leur sont fournis à tout moment. Sur leur demande, ils peuvent même essayer le modèle qui attire particulièrement leur attention.
Quand ils se sont rendus acquéreurs d’une voiture, là encore le garage est à leur disposition. L’installation toute moderne permet de maintenir les voitures dans un état parfait de conservation. Nulle part des soins aussi intelligents ni aussi assidus ne sauraient être donnés aux châssis qu’au garage de la rue du Débarcadère, puisque c’est le garage des Rochet-Schneider et que les employés sont par conséquent parfaitement au courant du modèle qu’ils ont à soigner.
Un atelier complet de réparation est annexé au garage. Ce qui, avec l’aide du magasin qui renferme toutes les pièces de rechange qui peuvent être nécessaires, assure de promptes réparations dans tous les cas qui peuvent se présenter.
Le chauffeur ayant acheté la 16 HP Rochet-Schneider, qui sera une des nouveautés sensationnelles du Salon de l’Automobile de 1907, ne pourra pour l’entretien remettre sa voiture en de meilleures mains que celles des employés du garage de la rue du Débarcadère.
H. P.
Enfin, la berline exposée à Epoqu’auto de 2015 était une type 9300 de 1909.
C’est une 18 CV à moteur 4 cylindres monobloc
(le type « monobloc » est une spécificité de la marque depuis 1908).
La carrosserie est particulièrement luxueuse avec ses finitions de « salon roulant », c’est vraiment le cas de le dire…!