voici la Rolls-Royce Phantom II (40/50 HP) d’Armand Esders de 1932 carrossée par Letourneur et Marchand, sans phare!
Elle était présentée à Rétromobile (2019 et 2018 en cours de restauration) sur le stand de Christoph Grohe.
Pour rappel, la Phantom II a été dévoilée en automne 1929 et a été construite jusqu’en 1935 (1680 exemplaires).
Son moteur est un 6 cylindres (bi-bloc de 3 cylindres mais culasse unique, arbre à cames en tête et double allumage) de 7,7 litres (7668 cc) souple et silencieux et la boite à 4 vitesses y est accolée.
Le châssis, à grand empattement (3,66 m ou 3,80 m), surbaissé par rapport à la Phantom I (ou New Phantom) se prédestinait à des voitures de maîtres type « coupé chauffeur » ou grandes berlines/limousines… Un châssis plus court, type « Continental » existait aussi pour les plus sportifs…
Celle présentée ici a été commandée en octobre 1931 par le richissime Armand Esders (industriel et « Empereur du prêt-à-porter »), non pas pour lui-même puisqu’il venait de se commander une Bugatti Royale qu’il a fait carrosser en roadster sur un dessin de jean Bugatti, mais pour son épouse Yvonne.
On la voit derrière la Bugatti 41111 (avec des phares, elle a dû rouler de nuit au moins une fois!) et avec Mme Esders.
C’est la maison Letourneur et Marchand qui s’occupe de la carrosserie de la Rolls-Royce et, en accord avec Armand Esders, elle reçoit une carrosserie type « Coupé de Ville » (Mme Esders ne conduisait probablement pas…) particulièrement épurée!
La pureté des lignes devait se suffire à elle-même… On imagine bien la « patte » du spécialiste de mode et du bon goût dans la sobriété (pas de mascotte, pas de badges sur les roues, pas de roue de secours, pas de charnières de porte visibles, pas de plaque de carrossier visible, pas de pare-chocs, pas de roue de secours, pas de poignées sur les portes du conducteur, pas de moulures chromées, juste une poignée centrée sur la porte passager…)
C’est minimaliste et c’est ce qui en fait tout son charme! Toute noire, la subtilité vient des portes conducteur (et son « pied de botte ») couleur ivoire avec un intérieur très luxueux en drap beige.
Evidemment, dans la liste des absences, la plus remarquable est, bien sûr, celle des phares! En effet, Mr Esders les refusait sous prétexte qu’il ne roulait jamais de nuit (et ne souhaitait pas sa femme le fasse aussi, semble-t-il).
Il la revend en 1938, tout comme sa Bugatti Royale.
Et, comme par malédiction, les carrosseries de ces deux autos, si particulières, seront modifiées!
La Bugatti devient un « Coupé Royale » réalisé chez Binder (avec des phares mais sans l’élégance du « Coupé Napoléon »!) tandis que la Rolls se transforme en berline en recevant un toit et des portes complètes à l’avant ainsi que des baguettes chromées et de nouvelles poignées.
Je ne sais pas quel carrossier s’est occupé des modifications.
La décision a été prise de lui redonner son aspect d’origine et les travaux avaient commencé quand elle était exposée à Rétromobile 2018… C’était la dernière fois que l’on pouvait la voir dans cette configuration!
Sur le même stand, lors de Rétromobile 2019, elle avait retrouvé son aspect d’origine.
(et j’ai raté mes photos, désolé)
et voici des Hispano-Suiza ayant appartenu à Armand Esders;