impossible de rester indifférent devant cette Mercedes 680 S (1928) carrossée par Saoutchik… (Châssis 35968)
Déjà, on n’en voit pas tous les jours de ces exclusives 680 Type S dont le châssis a été dessiné par Ferdinand Porsche (oui, oui, il a eu une vie avant de créer sa propre marque quelques années plus tard… 🙂 ).
Ce châssis « Type S » est très moderne avec son centre de gravité très bas qui lui procure une bonne tenue de route, son servo-frein Bosch-Dewandre et sa boite 4 vitesses.
Pour rappel, c’est en 1926, pour faire face à la crise économique en Allemagne, que Daimler (aussi appelé Mercedes sous l’influence d’Emil Jellinek en 1902 qui, suite à un procès avec Panhard-Levassor qui fabriquait ses moteur sous licence Daimler, a donné le nom de sa fille, qui était aussi son pseudo de coureur, à ces automobiles dont il était le distributeur exclusif pour la France, Belgique, Autriche-Hongrie et Etats-Unis.) a fusionné avec son concurrent Benz en 1926 pour devenir « Mercedes-Benz AG ».
Pour revenir à ce châssis haut de gamme mais surtout à vocation sportive, il est équipé d’un moteur 26 Cv, 6 cylindres en ligne avec un arbre-à-cames en tête.
Sa cylindrée est de 6 788 cm3 pour une puissance de 180 cv à 3 000 t/mn, grâce à un compresseur (120 Cv sans compresseur, d’où son appellation 26/120/180 ou 680 pour la cylindrée).
La sportivité des 680S n’est pas à prouver, surtout après sa victoire au Grand Prix de Nurburgring en 1927, entre autres… (la photo est une autre 680S, c’est le même moteur et on voit bien le compresseur sur la gauche)
Elle a été fabriquée entre 1926 et 1930 à 174 exemplaires et donnera suite aux versions SS, SSK, SSKL (entre 1928 et 32).
Bien que Mercedes ait ses propres ateliers de carrosserie à Sindelfingen (de très haute qualité), c’est Jacques Saoutchik (Paris) qui s’est chargé de celle-ci. (Il a carrossée 18 Roadsters, 12 sur le châssis 680 S-Type et six châssis courts Type SS).
Le châssis bas avec son long capot se prête bien à une carrosserie Roadster aussi racée dont la sportivité n’a d’égal que le luxe des finitions et des matériaux (laiton nickelé, sublime intérieur en peau de lézard, etc… Les photos parlent d’elles-mêmes!).
Ces carrosseries s’appellent, selon Saoutchik, « Torpédo-Sport Cannes » et existent en 2 ou 4 places ou « Torpédo-Transformable Type La Baules ».
Le style est caractéristique du carrossier (notamment l’arrondi du coffre que l’on retrouve +/- sur cette Talbot M67 de 1929)
Les ornements qui bordent les ailes et soulignent le dynamisme de la ligne sont en maillechort, un alliage breveté par les Français Maillot et Chortier en 1927 (d’où le nom). Cet alliage est aussi appelé « german silver ».
Sur la structure bois, ce sont des tôles d’aluminium qui sont utilisées, ce qui permet à cette auto, avec tous ses accessoires, sa caisse bois, son châssis rigide et son énorme moteur, de ne pas dépasser 1900 kg et de pouvoir monter à près de 180 km/h…!
pour le plaisir des oreilles, j’aime encore bien le bruit du compresseur (même si là, c’est une SSK donc pas tout à fait la même…) 🙂