C’était lors du Rétromobile de 2016 qu’était présentée La Mancelle (à vapeur) d’Amédée Bollée père, elle date de 1878.
Le tournant de la « locomotion sans chevaux » est pris, la révolution de l’automobile peut commencer…
Attention, c’est du lourd! 🙂
C’est après sa découverte de nouveaux véhicules à l’Exposition Universelle de 1867 qu’Amédée Bollée envisage de construire un véhicule à vapeur rapide et fonctionnel. Il introduit une innovation majeure avec un système de roues directrices et indépendantes à l’avant qui est breveté le 28 avril 1873 et équipe sa première automobile, L’Obéissante, construite la même année. Elle est expérimentée avec succès en 1875 entre le Mans et Paris, où ce « break qui marchait tout seul » fait sensation.
Conçu en quatre mois pour l’Exposition universelle de Paris de 1878, le prototype de La Mancelle y est présenté avec L’Obéissante. La Mancelle dispose de nouveautés avec son moteur de 15-30 CV à deux cylindres verticaux désormais placé à l’avant et un système de transmission par arbre qui comporte un différentiel et des chaînes, ce qui permet de rendre les roues arrière motrices indépendantes. La direction est également améliorée. Avec un poids de 2750 kg, elle est aussi plus légère, facilite l’accès de ses passagers grâce à une élégante carrosserie en forme de victoria héritée de l’hippomobile et peut atteindre la vitesse de 40/45 km/h. Elle préfigure ainsi les automobiles « modernes ».
Intégré à la section des matériels de chemin de fer, Amédée Bollée propose La Mancelle pour 12 000 francs et reçoit à l’occasion de l’Exposition universelle une première commande, qui sera livrée le 6 mai 1879 à Gustave Koechlin, indusriel du textile alsacien. La Mancelle sera présentée la même année à Vienne, notamment à l’Empreur d’Autriche-Hongrie, puis à Berlin en 1880, où Guillaume 1er demande à la voir. Acquis par une entreprise autrichienne, les droits d’exploitation des brevets du Manceau sont repris par une société berlinoise, fondée par les frères Arons et la Wöhlert. Des exemplaires de La Mancelle y sont produits dès 1881, puis envoyés en démonstration dans toute l’Europe.
Si Amédée Bollée ne tira guère profit de cette ambitieuse entreprise, elle contribua à établir la réputation internationale de ses voitures. On estime à une cinquantaine le nombre de Mancelles réalisées, ce qui en fait sans doute la première voiture individuelle de série de l’histoire automobile!
C’est aujourd’hui une pièce unique…
Par ailleurs était aussi exposée la dernière conception (à vapeur, bien sûr) d’Amédée Bollée, la Diligence du Marquis de Broc (1885)
Ce spectaculaire véhicule est la dernière automobile construite par Amédée Bollée père. En effet, celui-ci entrevoit déjà les limites de la propulsion à vapeur. Il accepte toutefois la commande du marquis de Broc et associe à sa réalisation son fils aîné ainsi qu’un de ses ouvriers, dont Henri Vallée, qui se lancera lui aussi dans la fabrication de véhicules.
Le châssis, dessiné par Amédée Bollée fils, est une évolution de celui de La Nouvelle, réalisée cinq ans plus tôt. Équipé d’un puissant moteur de 50 CV placé à l’avant, il reçoit un plancher entièrement plat. La suspension est assurée à l’avant par un ressort transversal et à l’arrière par des ressorts droits.
A la demande du marquis de Broc, il est habillé d’une carrosserie type diligence française, réalisée par la maison parisienne Mühlbacher.
Inspirée des diligences à trois compartiments des années 1830-1840, celle-ci en conserve les compartiments de coupé à l’avant et de berline au milieu ainsi que les places d’impériale, mais supprime le compartiment de rotonde à l’arrière pour laisser place à la chaudière. A l’avant, est installée une plate-forme à trois strapontins pour le conducteur. Cette voiture fut également appelée mail-coach, sans doute parce que ce type de véhicule hippomobile fort à la mode à la fin du 19e siècle possédait des caractéristiques communes.
Pesant non moins de 7 tonnes, elle pouvait transporter jusqu’à dix-huit personnes à une vitesse de 16-20 km/h et fut vendue pour la somme considérable de 35 000 francs.
Le marquis de Broc, qui employa un temps Henri Vallée comme chauffeur pour alimenter la chaudière, la conduisait lui-même sur les routes de la Sarthe où il demeurait, au château des Perrais à Parignégale-Ftlin, ainsi que dans le Maine-et-Loire où il possédait également une résidence. Il en fit usage jusqu’en 1896, quand il acquit chez Léon Bollée une de ses voiturettes tricycles, puis demeura fidèle aux modèles d’Amédée Boulée fils.
Devenue plus tard propriété du Vicomte et de la Vicomtesse de Lantivy de Trédion, elle fut donnée au musée par l’intermédiaire de l’Automobile Club de l’Ouest en 1949.