La Darracq V8 de 1905

darracq v8 1905 articleVoici un article des années ’70 qui présente la Darracq V8 de 1905, son histoire et ses records.

Il s’agit bien sûr de celle qui était présentée au dernier Retromobile (2016) et dont le propriétaire a la bonne idée de se servir pour faire des courses ou des rallyes (elle a bien été créée pour ça, non?) 🙂

Avant les photos et la vidéo, voici l’article:

LES DAMES DU TEMPS JADIS…

La grande voiture Darracq qui servit en 1908 d’expérience à Sir Algernon Guinness datait de 1905. C’était une 8 cylindres en V, alésage 160 mm, course 140 mm. Cylindrée : 22 518 cm3. Deux soupapes en tête commandées par tige de culbuteurs sur chaque cylindre. Allumage par magnéto. Puissance maximale: 200 ch à 1 200 tours/minute. Transmission par embrayage à cône. Boîte à 2 vitesses. Commande terminale par cardan. Roues à rayons. Poids : 1 000 kg.

Les deux grandes concurrentes de ce modèle étaient, à l’époque, une voiture anglaise, la Napier, et une voiture à vapeur, la Stanley. La Napier avait un moteur de 6 cylindres pour une cylindrée de 14 934 cm3 et une puissance maximale de 90 ch ; poids: 980 kg. Elle datait également de 1905. La Stanley à vapeur avait été construite en 1906 ; elle possédait 2 cylindres avec une cylindrée de 3 375,72 cm3. Son poids total était de 994,33 kg. La Napier atteignit en 1905, à Daytona, la vitesse de 168,381 km/h. La Stanley, cette même année, parvint, pour la première fois au monde, à pulvériser 200 kilomètres-l’heure et enregistra, également à Daytona, la moyenne étonnante de 205,404 km/h.

Ces 205 km/h établis par le champion Mariott, le premier homme à franchir ce cap des 200 kilomètres, demeurèrent inégalés pendant une durée de plus de trois ans, les tentatives faites entre-temps n’ayant pas été officialisées. Cette Stanley fut le dernier engin mû à la vapeur qui s’attaqua au record de vitesse sur terre.

8 CYLINDRES en V, 195 Km/h !

DEUX hommes avaient osé s’asseoir au volant : le pilote, Sir Algernon Guinness, et son mécanicien, E. Bart. Le temps semblait clément. La longue plage de sable de Saltburn, en Grande-Bretagne, était déserte. Les chronométreurs étaient à leur poste. Le pilote mit le contact de l’énorme machine conçue dans les ateliers d’un ingénieur français installé à Suresnes, Alexandre Darracq: l’engin aux 8 cylindres gronda, puis démarra brusquement dans la poussière. En quelques accélérations. il parvint à atteindre la fantastique vitesse -on était en 1908- de 121,6 milles. soit 195,654 km/h ! Malheureusement, les chronométreurs n’étaient pas ceux de l’organisme officiel habilité à enregistrer les records de vitesse absolue sur terre. Sir Aigemon Guinness avait donc couru pour l’honneur: si celui-ci était sauf, la petite histoire enregistrait l’envolée de la grande Darracq. Celle-ci avait été créée en 1904, pour s’attaquer au record envié par tous les constructeurs du moment.

Le record du monde de vitesse terrestre signifie la vitesse absolue la plus élevée, jamais établie par un véhicule à roues, suivant les normes des règlements internationaux, pour un temps donné. Dès les origines, deux titres étaient recherchés:

1) le. record du mille lancé soit la vitesse la plus élevée, pour un temps donné sur une distance d’un mille, mesurée, le départ étant donné après une course lancée (l’expression « départ lancé » signifie que le coureur monte sa vitesse sur une distance aussi longue qu’il le peut, avant d’aborder le mille étalonné) ;

2) le record du kilomètre lancé, soit la vitesse la plus rapide, en un temps donné sur un kilomètre étalonné, départ lancé.

Dans cette âpre bataille des records, Alexandre Darracq s’était distingué dès 1904. Mais, qui était-ce ? Un technicien, brillant ingénieur qui avait d’abord débuté dans la fabrication de matériel de cave, allant des casiers métalliques aux appareils à boucher les bouteilles. Mais il abandonna vite son activité vinicole pour la remplacer par la fabrication des bicyclettes. Sous l’étiquette « Gladiator », une sensationnelle équipe de champions cyclistes de fond et de vitesse, sur piste et sur route, imposa la marque. En 1897, les usines de Suresnes étaient créées. Elles exploitaient la marque « Perfecta » avant d’adopter définitivement le nom de leur créateur. Désormais, les Darracq étaient présentes sur tous les circuits. On était en 1903. Auparavant, deux marques françaises avaient imposé leur nom au fronton du record de vitesse absolue : Mors et Gobron-Brillié. Mors avait dépassé 136 km avec un jeune pilote dont le nom allait se transmuter en emblème : Charles Rolls. Le 21 juillet 1904, Gobron-Brillié arrachait le titre à Mercedes en portant le record à plus de 166 km/h. C’est alors qu’intervint Alexandre Darracq. Son bureau d’études avait conçu un bolide, toutes mécaniques dehors, de 4 cylindres, 100 ch, 11 259 cm3. Le 13 novembre 1904, sur la plage d’Ostende, le pilote Barras offrait à Darracq le record de vitesse absolue en portant celui-ci à 168 km/h. Toutes les jeunes marques briguaient le titre, de Mercedes à Fiat, de Ford à Benz ; chacune fabriquait son monstre. Parfois le record demeurait à peine un mois chez le constructeur. Avant qu’il n’ait eu le temps d’exploiter sa victoire dans ses campagnes de publicité, un concurrent le coiffait au poteau. C’est pourquoi, sans attendre, Alexandre Darracq mit en chantier un modèle encore plus puissant, capable d’espérer et d’affronter les 200 km/h.

SUR UNE ROUTE DE PROVENCE…

Le 1er janvier 1905, un pilote célèbre, Victor Hémery, portait le kilomètre lancé à 176,42 km/h et battait le record existant sur les véhicules à 4 roues. Il pilotait pour la première fois cette énorme version 200 ch avec laquelle il réalisa 20,4 secondes. La tentative se déroulait sur la route d’Arles à Salon-de-Provence. Le succès de cette démonstration fut tel qu’il aida la marque à s’implanter dans de nombreux pays. Pour appuyer sa campagne de lancement en Grande-Bretagne, Darracq fit traverser la Manche à sa « 200 ». C’est ainsi qu’à Saltburn elle dépassa officieusement les 200 km/h en 1908. Pour bien marquer la différence qui existait à l’époque (et qui subsiste toujours) entre ces précurseurs des dragsters, préparés en vue d’une épreuve unique mais décisive, et les voitures de courses, rappelons, à titre de comparaison, qu’en 1908 le Grand Prix de I’A.C.F., à Dieppe, vit triompher Mercedes qui boucla les 770 km ‘à la moyenne de 111 km/h.

Réalisé par Michel IATCA. (Dessin publié avec l’accord d’Autocar.)

… et voici sa présentation à Rétromobile:

Voici la fabuleuse histoire de la Darracq V8

A notre époque la plus part des constructeurs automobiles construisent des véhicules qui ont la capacité de rouler à des vitesses élevées, mais qui se souvient du jour ou, pour la première fois, une automobile à frôler la vitesse mythique des 200 kilomètres par heure. L’événement s’est déroulé aux Etats Unis en Floride il y a 110 ans. A cette époque, les constructeurs se rivalisaient sur le champ de bataille de la vitesse pure. En 1905 dans les ateliers Darracq à Suresnes c’était l’effervescence, l’ingénieur mécanicien Ribeyrolles accoupla 2 blocs moteurs 4 cylindres sur une base commune et créa ainsi un énorme 8 cylindres en V dans l’espoir de pouvoir aller plus vite que les autres.

C’est à la fin du mois de Janvier 1906 que le pilote français Victor Demogeot démarra l’énorme moteur huit cylindres en V de sa Darracq. Cette impressionnante automobile française représentait la puissance mécanique à l’état brut. Son châssis nu sans freins à l’avant, offrait deux places assises et l’absence totale de carrosserie laissait à l’air libre le gros moteur V8 surmonté de son réservoir d’essence en forme d’obus. Après un court instant de chauffe Victor Demogeot poussa la manette de l’accélérateur à fond. Dans un bruit de tonnerre le gros V8 de 25 litres et demi de cylindrée lâcha ses 200 chevaux et s’élança sur la piste de terre pour atteindre la vitesse de 197 km/h. Cette voiture mythique fera de nouveau entendre le son rageur de son énorme V8 en démonstration extérieure.

Les photos (et après, la vidéo):

   

avant la vidéo, on la voit ici en 1906 pour célébrer 3 victoires aux meetings du kilomètre de Dourdan, Gaillon et Origny-Sainte-Benoîte, en côte et en palier… (pilotée par Lee Guiness)

et voici un peu de bruit… 🙂

on la voit aussi dans le coin de cette affiche (affiche qui commémore, modestement,  la victoire de Victor Hémery à la coupe Vanderbilt de 1905)…

La FIAT rouge, visible sur les photos en arrière plan est la fameuse FIAT S76 de 1911 qui était aussi en démonstration.

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