C’est à Rétromobile (2019) que l’on pouvait découvrir cette rare Invicta 4,5 litres S-type de 1932.
Plutôt que de paraphraser, voici une présentation bien faite de la marque Invicta, trouvée sur le net (vente Artcurial):
Marque exclusive, sinon confidentielle, née du désir de quelques gentlemen amateurs de vitesse désireux d’avoir des automobiles » différentes « , Invicta produisit des voitures sur mesures dotées d’un moteur suffisamment puissant à bas régime pour ne plus avoir besoin de la boîte de vitesses afin de se concentrer sur le pilotage. Ces gentlemen passionnés, plus assembleurs que constructeurs, sortirent leur première Invicta en 1925 après s’être brièvement intéressés à la vapeur ! Equipée d’un moteur à soupapes en tête Meadows de 2,5 litres, l’Invicta acquit vite la réputation d’une voiture assez rapide, précise et stable (selon les critères de l’époque), bien finie et bien équipée, mais coupable de deux défauts : un poids excessif dû à la qualité et à la robustesse de ses composants provenant tous de fournisseurs extérieurs spécialisés, et un prix qui la réservait à la jeunesse dorée en la situant juste au-dessous des Bentley sans toutefois en offrir le même niveau de performance. Inutile de préciser que chaque voiture était construite sur mesures et que chaque client venait à l’atelier donner ses instructions ou les modifier le cas échéant. Les torpédos 2,5 litres plafonnaient à 100 km/h avec 75 ch à 3 500 tr/min, mais comme prévu, la boîte de vitesses ne servait qu’à démarrer.
En 1926, la version trois litres tenta de résoudre le premier problème en apportant un supplément de couple bienvenu. Avec un rapport final court, ces voitures d’environ 1,8 tonne, même les torpédos, accéléraient brillamment. Mais face à la concurrence, il fallut offrir davantage et en 1928, Invicta proposa le moteur Meadows de 4,5 litres développé conjointement par la marque et son fournisseur, un groupe solide comme un roc qui n’innovait pas : soupapes en tête à culbuteurs, vilebrequin sur quatre paliers, double allumage et deux carburateurs. Ce moteur construit avec un soin extrême et avec les meilleurs matériaux de l’époque était cher, mais robuste et endurant. (Il équipera même des camions et des chars d’assaut dans les années 1930.)
En 1928, avec 110 ou 115 ch, l’Invicta 4,5 litres atteignait 145 km/h en prise directe, mais montait à 120 en troisième. Les sportifs y trouvaient enfin leur compte et leurs vœux seront comblés en 1930 quand Invicta sortit son châssis surbaissé, le type LS (low slung) qui devint du jour au lendemain l’archétype de la voiture de sport britannique au même titre que les Mercedes-Benz types S et SS pour l’Allemagne. Les deux tuyaux d’échappement chromés qui jaillissaient du capot riveté comme celui des Rolls-Royce contribuèrent aussi à suggérer cette comparaison.
Plus basse que les Bentley grâce à des longerons de châssis passant sous le pont arrière, au positionnement des ressorts arrière, longs et plats placés à l’extérieur des longerons, à un auvent réduit en hauteur et à une direction très inclinée, la silhouette de l’Invicta LS, dont les ailes avant étaient pratiquement à la hauteur du long capot, suggérait immanquablement la vitesse. Aux mains de pilotes aguerris – un accident à Brooklands aux mains d’un pilote journaliste lui valut une injuste réputation de voiture dangereuse exploitée par la concurrence – l’Invicta 4,5 litres fut engagée dans des épreuves sérieuses. Fini les records fantaisistes genre Londres-Monte Carlo en prise directe : Invicta ou plutôt ses clients attaquèrent à Brooklands (les Double Twelve 1930), à la Coupe des Alpes (trois LS non pénalisées en 1932) ou à la côte de Shelley Walsh (nouveau record de catégorie Sport en 1932 avec Raymond Mays, père des ERA). Les Invicta coururent le Mannin Moar sur l’île de Man et le TT irlandais en 1933 quoique sans résultat. Le succès historique sera signé en 1931 au Rallye de Monte Carlo par Donald Healey qui prendra aussi la deuxième place absolue en 1932 et la deuxième de sa catégorie au Rallye du RAC 1933. Quant au moteur Meadows, la preuve de sa belle santé sera donnée aux 24 Heures du Mans 1935 grâce à la victoire de la Lagonda.
Les Invicta LS ne furent produites, selon les sources qu’à 52 ou 77 exemplaires et toujours livrées en châssis nus, mais certaines d’entre elles ne furent assemblées qu’après la première faillite de la marque déclarée en 1933. Quoi qu’il en soit, si l’adjectif » exclusive » peut s’appliquer à une automobile, l’Invicta le mérite amplement.
Elle est présentée ici comme étant une reconstruction mais la rareté de ces autos fait qu’elle mérite le détour quand même…! 🙂
et voici une vidéo: