C’est encore lors du passage à Epinal du Rallye des Clubs de Marque que j’ai pu découvrir cette Hipano Suiza K6 Cabriolet 2+2 par Vanvooren.
Je ne l’avais jamais vue mais j’avais l’impression de la connaitre… En effet, c’est celle qui illustre cette fiche sur ces Hispano K6!
Voici donc la présentation:
La firme Hispano-Suiza de Bois-Colombes tentera à plusieurs reprises de créer des types plus abordables que ses coûteuses H6 et J12. La plus intéressante reste I’ultime 30 CV, lancée fin 1934 sous la désignation K6 et dont voici le portrait.
Si la crise mondiale du début des années trente touche relativement moins le volume de production déjà très limité d’Hispano-Suiza que celui des grands constructeurs généralistes, les responsables de la firme essaient d’en pallier les effets en présentant en 1934 une « petite » Hispano.
Rolls-Royce a réussi cet élargissement de son offre des 1922 avec la petite Twenty de 3 litres, mais Hispano-Suiza aura davantage de difficultés.
De la I6 à la HS26
Dès 1925, Hispano-Suiza France songe à épauler la grande H6 en créant une petite voiture dotée d’un 6 cylindres de 3,7 litres, version réduite du moteur H6 pratiquement aussi coûteuse a produire. Cette I6, taxée en France pour 20 CV, est un échec total. La petite Hispano n’étant pas prioritaire, l’ingénieur Marc Birkigt se consacre aux moteurs d’avions et aux études d’armes de bord automatiques.
En 1930, la firme Ballot, constructeur de moteurs et ancienne sous-traitante d’Hispano pour la production des V8 d’aviation pendant la Grande Guerre, est rachetée par Hispano, qui a besoin de nouveaux ateliers. Outre des types de moteurs dépassés, l’opération apporte aussi un modèle d’automobile de facture récente, la Ballot RH à moteur 8 cylindres en ligne, sous-motorisée mais dotée d’un châssis surbaissé moderne. Birkigt et la direction d’Hispano voient là une occasion de créer une gamme cadette en adaptant au châssis Ballot un moteur 6 cylindres Hispano déjà produit en Espagne. Baptisée Ballot-Hispano, la voiture est présentée au Salon d’octobre 1930 sur le stand Ballot, mais elle devient vite l’Hispano Junior ou HS 26 pour réapparaître aux côtés de la J12 au Salon de Paris de 1931. Elle connaîtra un succès modeste (120 exemplaires en trois ans) en raison de ses performances médiocres fortement dépendantes de son poids carrossé.
Un fausse petite
En ces temps difficiles même pour les élites, la création d’une voiture de luxe bon marché relève de la quadrature du cercle, d’autant plus que les constructeurs américains, sans se compliquer la vie, proposent à I’Europe des 25/30 CV solides et fiables pour la moitie du prix d’une Hispano équivalente.
Pour serrer les coûts de production d’un type qui, en tout état de cause, ne sera produit qu’à quelques centaines d’unités par an, Birkigt doit impérativement abandonner ses solutions maison comme les arbres à cames en tête. D’après des principes plus simples, Birkigt présente fin 1934 une petite Hispano (par rapport a la gargantuesque J12), logiquement désignée K6. Il a cette fois adopté sur ce nouveau K6 en ligne des soupapes en tête actionnées par tiges et culbuteurs, système plus silencieux que le précédent, mais aussi un bloc en fonte avec culasse en aluminium à orifices opposés. L’allumage est encore double et le carburateur Solex-Hispano aspire l’air dans le carter afin d’obtenir un silence total et de récupérer les vapeurs d’huile. Le cadre s’inspire du châssis Ballot surbaissé, mais les essieux sont toujours rigides, la boite n’a toujours que 3 rapports et le servofrein maison actionne naturellement des câbles de freins. La direction reste digne d’une Hispano, légère et précise. Innovation introduite avec la Ballot-Hispano, le sélecteur de vitesse à rotule est central. L’ensemble reste dans la tradition Hispano, qui associe qualité des matériaux et qualité de fabrication.
Le Bottin mondain
La « petite » Hispano reste une automobile de très grand luxe destinée à une clientèle d’élite. Les acheteurs de la K6 sont pour la plupart d’anciens propriétaires de H6B ou C que l’imposant gabarit et le budget d’entretien de la J12 54 CV ont dissuadés. Plus basse et bien proportionnée, la K6 offre pratiquement la même habitabilité que la J12 tout en se montrant plus plaisante à conduire en raison de sa masse inférieure. Parmi les clients célèbres, on citera les Rothschild (britanniques), l’Aga Khan, les industriels Esders (vêtements), Beghin (sucre), Potez (avions), Bollinger (champagne) ou Hennessy (cognac), les comédiens Harry Baur et Mireille Balin ou encore Ida Rubinstein et Suzanne Deutsch de la Meurthe.
Toutefois, la K6, en dépit de ses qualités, reste une voiture de 1930 à l’architecture générale ultra-classique et peu apte à évoluer malgré les tentatives « aérodynamiques » dues à certains carrossiers audacieux comme Figoni, Saoutchik, Chapron ou Vanvooren, quoique cette dernière firme, à qui l’on doit la plupart des K6, soit l’auteur, comme Binder, de nombreuses conduites intérieures ou de coupés-chauffeur très formels.
Même si elle présentée comme la « petite » Hispano, je trouve qu’elle en impose pas mal et je m’en serais bien « contenté »…! D’autant plus qu’elle me semble plus « utilisable » sur nos routes avec son gabarit retenu… 🙂
Elle était par ailleurs exposée par le club de la marque lors de Retromobile 2017: