C’est au rassemblement de Créhange (57) que j’ai découvert cette Delahaye 148L de 1950.
Pour rappel, la marque Delahaye a été fondée par Emile Delahaye en 1895 (avec deux associés, George Morane et Leon Desmarais). Quand Emile meurt en 1905, c’est son ingénieur Charles Weiffenbach, dit « Monsieur Charles », qui reprend les rênes de l’entreprise et, après avoir construit des voitures de grande qualité mais très classiques, il pris un virage vers le luxe et le sport avec la fameuse « 135 » à partir de 1933 (avec l’ingénieur Jean François). La petite histoire veut que ce soit Ettoré Bugatti qui lui donna ce conseil en disant, « Vos voitures sont excellentes mais trop lourdes et lentes. Donnez-leur de la puissance! »…
Inutile de revenir sur les succès, tant en compétition qu’aux concours d’élégance, de la « 135 », cette voiture est un véritable mythe!
Quant à la « 148 L », elle est, pour faire simple, une « 135 » mais avec un châssis plus long et avec un seul carburateur. Elle en est donc la version familiale…
Son moteur est le fameux 6 cylindres de 3,5 litres (3557 cc). Il est réputé particulièrement fiable, en plus de son aspect sportif et coupleux. Avec sa boite électro-magnétique à 4 vitesses « Cotal » (on voit bien le « moutardier » sur la photo de l’intérieur) et son grand confort, elle est agréable à conduire, y compris sur grands trajets et ce, malgré son poids et son encombrement important.
Evidemment, elle était livrée en châssis nu et carrossée par les plus grands faiseurs de l’époque comme Letourneur et Marchand, Figoni et Falaschi, Guilloré, Saoutchik, Antem, Autobineau, Pourtout, et bien sûr Chapron qui était le carrossier privilégié de la marque.
Cela en faisait, après guerre, une voiture particulièrement luxueuse mais horriblement chère et malheureusement un peu dépassée avec cette conception d’avant-guerre de « châssis + caisse » alors que la plupart des nouveaux modèles concurrents avaient des caisses « auto-portées » (comme les « Traction », par exemple).
Le plan « Pons » n’a rien fait pour aider ces marques de luxe françaises et leur marché était donc plutôt l’export et elles étaient vouées à disparaître… 🙁
Néanmoins, je ne boude pas mon plaisir quand je croise un de ces monuments qu’est cette 148 L de 1950 (châssis 801529), carrossée par Letourneur et Marchand. (C’est amusant de voir comme la traction 15 CV, une de ses concurrentes, garée à côté parait petite en comparaison… Il faut dire que cette « 15 » est particulièrement basse à l’arrêt puisque c’est une « H » 😉 )
Enfin, son propriétaire m’a expliqué, entre autres anecdotes, qu’il possède cette auto depuis 40 ans, qu’il l’a complètement restaurée et qu’il roule régulièrement à son volant. 🙂