Cet article va commencer par présenter une voiture mythique, la Delage V12 de 1936 carrossée par Labourdette et va finir par présenter une particularité stylistique que l’on retrouve sur cette même voiture, le brevet « Vutotal ».
Voici donc cette fameuse Delage V12, créée en 1936 par l’association entre Delage et Delahaye pour participer aux GP de l’ACF (Grands Prix de l’Automobile Club de France), le règlement permettant de participer avec ce type de carrosserie (fermée).
Elle a été pensée par l’ingénieur maison, Albert Lory, basée sur un châssis de Delahaye 135 (Delage avait été racheté par Delahaye) avec un moteur V12 (prototype) de 4.5L (basé sur 2 culasses de Delahaye 135, ce moteur se montrera fragile au niveau des bielles). La transmission est confiée à une boite « Cotal » et elle pouvait atteindre plus de 200 km/h.
Comme elle n’était pas prête en 1936, elle a été exposée au salon de Paris en 1937. Pour 1938, sa carrosserie a été transformée (elle se découvre et devient bi-place) pour respecter le règlement de Brookland mais elle est détruite dans un accident. Elle aurait été reconstruite une troisième fois pour courir après guerre, sans succès, et son châssis aurait servi à des essais avec un moteur Diesel. Quant à son moteur, il aurait fini sa carrière sur un canot automobile…
Pour revenir à sa carrosserie, elle fut dessinée par Jean Andréau (1890-1953) qui était un ingénieur spécialiste en aérodynamisme
(il a notamment dessiné l’Hispano Suiza H6C par Saoutchik pour Dubonnet et la Peugeot 402 N4X en 1936 ) et réalisée chez Labourdette. 
On ne peut que constater (et apprécier) son aérodynamisme particulièrement abouti avec sa ligne d’une fluidité incroyable, sa grande dérive très travaillée mais on voit moins que son châssis est entièrement caréné pour gagner encore du Cx.
Jean Henry Labourdette, quant à lui, était un carrossier très inventif.
On lui doit, entre autre, l’invention des « Skiff » dès 1912 (qui s’inspire des coques de bateaux), le concept de « faux cabriolet 4 en 2 », vu notamment sur une Lorraine Dietrich B3/6, et, comme sur la Delage V12, le pare-brise « Vutotal »… Le brevet « Vutotal » apporte une meilleure visibilité au conducteur et allège la ligne de l’automobile car le pare-brise se retrouve sans aucun montant.
Ainsi, on lui doit donc, avec ce brevet « Vutotal »,
ces Delahaye (148L de 1936 et, en blanc, cabriolet 148 de 1937, ne serait-il pas celui de cette photo?)
cette Rolls-Royce Phantom III de 1947
et même cette Renault 4cv de 1950