De Dietrich et Amédée Bollée dans « Le Sport Universel Illustré » de 1898

voici un article intéressant qui présente les nouveaux moteurs d’Amédée Bollée et son association avec De Dietrich (qui deviendra Lorraine Dietrich) en 1898.

Cet article rappelle ainsi les début de l’aventure automobile de notre marque de Lunéville et les fameuses courses de « ville à ville » comme le Paris-Amsterdam. Quant à l’utilité des « camions à bagages » pour les pauvres châteaux trop éloignés des chemins de fer, elles n’est plus à démontrer… 😀

cet article provient du journal « Le Sport Universel Illustré » de cette même année et je l’ai trouvé sur le site de la BNF, Gallica (une mine d’or quand on prend le temps de chercher…)

AUTOMOBILE

De tous les chercheurs et de tous les inventeurs qui travaillent la question des moteurs à pétrole, Amédée Bollée est sans contredit celui qui a trouvé, à l’heure actuelle, les plus grands perfectionnements.  

Il a construit un moteur puissant à cylindres s’appliquant admirablement aux voitures de promenade, aux camions et aux voitures de livraison.

Les deux types actuels de ce moteur sont de 6 chevaux 1/2 et de 9 chevaux, et ont figuré avec grand succès dans différents concours, notamment l’an dernier aux poids lourds de Paris-Versailles et cette année ils se sont classés au premier rang dans les grandes épreuves de vitesse et tout récemment M. Loysel arrivait premier dans la course Bordeaux-Biarritz. La supériorité du moteur Amédée Bollée vient de son régulateur qui est une merveille de simplicité et de mécanique. Ce régulateur permet d’obtenir toutes les vitesses progressivement et sans le moindre à-coup et en même temps une économie extraordinaire d’essence.

La concession des brevets Amédée Bollée a été acquise par les ateliers de Dietrich, de Lunéville depuis l’année dernière et cette importante maison construit des voitures livrables de suite grâce à un outillage extrêmement complet et à l’activité extraordinaire de son administration.

Les véhicules qui ont le plus attiré l’attention du public et des connaisseurs dans la course Paris-Amsterdam sont, à coup sûr, ces étonnantes voitures tout en aluminium ayant la forme d’un bateau qu’Amédée Bollée a inventées et qui sont devenues depuis le vrai type de la voiture de course. Nous savons que déjà les ateliers de Dietrich, de Lunéville sont surchargés de demandes en vue des courses de l’année prochaine.

Mais la véritable application des nouveaux moteurs Amédée Bollée est la voiture pratique et confortable pour la promenade, le voyage, les déplacements de chasse et aussi pour le camion à bagages. Rien de plus difficile en effet que le service des bagages et des approvisionnements pour les châteaux éloignés des chemins de fer; ce service nécessite une cavalerie nombreuse tandis qu’un camion ou un omnibus à pétrole pouvant faire plusieurs voyages par jour réalisent une économie importante de temps et d’argent.

Nous espérons pouvoir reproduire dans un prochain numéro quelques-uns des types de ces nouveaux véhicules qui réalisent un progrès considérable au point de vue du confort et de la bonne marche. La supériorité de la transmission par courroie s’est en effet affirmée d’une façon absolue dans la dernière épreuve Paris-Amsterdam et tout récemment dans la course Bordeaux-Biarritz gagnée par M. Loysel avec sa voiture système Amédée Bollée.

Les voitures de 9 chevaux montent la côte classique de Suresne à une vitesse chronométrée de 3o kilomètres à l’heure. Les embrayages, les changements de vitesse, les démarrages, se font avec une facilité qui ne peut jamais s’obtenir avec les transmissions rigides.

Quant à l’influence de l’humidité et des changements de température sur la courroie, de l’avis indépendant des amateurs qui ont mené les voitures A. Bollée à Amsterdam, MM. Giraud, Loisel, de Bertier, elle a été nulle.

Nous donnons plus haut la photographie de la voiture de la n° 115 qui a fait le parcours dans la catégorie touriste Paris-Amsterdam et retour montée par M. le baron Eugène de Dietrich. Malgré sa forme sommaire de voiture de course, elle est en réalité une véritable voiture de promenade, car ses différentes vitesses ne sont pas celles d’une voiture de grand train, son moteur est de 6 chevaux 1/2 et ses engrenages sont calculés de façon à donner 40 kilomètres à l’heure comme vitesse maxima.

Malgré cela et grâce à son fonctionnement régulier elle est arrivée deuxième de sa catégorie et troisième comme vitesse totale, sans avarie et sans qu’aucun de ses organes se soit dérangé. Aussi a-t-elle bien mérité le prix que la baronne de Zuylen a gracieusement offert au baron de Dietrich sous forme d’une très belle statue en bronze, qui devait être donnée au touriste arrivé dans le meilleur rang dans la catégorie des voitures à 2 places, dont la vaillante baronne faisait elle-même partie.

Nous reviendrons prochainement sur la question des voitures de courses construites par la maison de Dietrich avec lesquelles on a dépassé en palier la vitesse de 6o kilomètres à l’heure et sur les autres applications des moteurs de 9 chevaux.

Pour finir, un conseil aux chauffeurs touristes: Ne demandez pas des vitesses exagérées à vos voitures: 3o kilomètres à l’heure est une fort bonne allure. Ne mettez pas non plus un moteur trop puissant sur une voiture légère, et ne partez pas de l’idée qu’il faut marcher à 60 kilomètres à l’heure pour s’amuser. C’est un principe faux et dangereux. 

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