Cyclecar MICRON Monocar 1924

Voici un tout petit cyclecar, le monocar MICRON de 1925. Il était exposé sur le stand de la FFVE à Rétromobile 2019.

C’est Henry Jany (1892 Castanet – 1953 Canada) qui, de retour de Verdun (1ère Guerre Mondiale), conçoit cet atypique cyclecar à une place. Un brevet qui détaille son concept de carrosserie en forme de coque indépendante d’une part, et l’ensemble moteur/boite/différentiel regroupé sur un axe directionnel d’autre part, est déposé en 1924.

(Les photos ont été prises à Epoqu’Auto 2019 et Rétromobile 2019, les documents proviennent de Marc Hendrix, propriétaire de ce Micron, animateur de la page Le Cyclecariste Belge et collectionneur averti! 😉 )

La Micron n’est donc pas, comme beaucoup de cyclecars, un simple assemblage de pièces provenant de différents fournisseurs (moteur, boite, châssis, essieu, etc…) mais une véritable création d’ingénieur.

 

Ainsi crée-t-il la Société des Automobiles Micron, à Toulouse-Castanet (1 rue Alsace-Lorraine à Toulouse) mais la fabrication se fait à Compiègne, dans l’Oise. (Il y aura aussi une adresse à Paris, 72, avenue des Termes, pour un magasin d’exposition?)

Du point de vue technique, le Micron est particulièrement original.

Son fameux « groupe motopropulseur » consiste en un moteur « maison », monocylindre de 3 ½ CV, 2 temps de  350 cc (Alésage 75 mm, Course 79mm) qui développe une puissance de 6 cv!

La boite, à 2 vitesses (plus 1 MA) est à l’intérieur du carter du moteur ainsi que le différentiel qui agit sur les roues avant via des cardans reliés par des flectors (c’est une traction-avant).

C’est cet ensemble, avec son radiateur, qui pivote sur un berceau et forme la direction! L’essieu avant avant se résume aux seules lames de ressorts… Elle peut rouler à 50 km/h et ne consomme que 3,7 L/100.

La carrosserie a aussi ses particularités puisqu’elle est formée d’une monocoque indépendante sur laquelle est fixé le berceau avant et qui repose sur un essieu arrière rigide.

L’ensemble est tout petit, l’empattement est de 1.65 m et les voies avant et arrière de 80 cm! La longueur total est de 2,4 m, la largeur de 1,05 m et la hauteur de 1,1 m (pour un poids total de 190 kg) mais c’est suffisant puisqu’il n’y a qu’une seule place…

En effet, c’est un « monocar » qui a vocation à ne transporter que son conducteur.

 

 



Sa commercialisation commence en 1924 (jusqu’en 1927?) avec le soutien du journal L’Auto qui en fait une belle présentation!

(cf. en fin de cet article)

Elle est naturellement présentée comme une voiture économique (4950 Frs) qui s’adresse surtout aux travailleurs pour leurs déplacements professionnels.

On s’attend à un grand succès…

 

 

 

 

En 1926, la Micron refait beaucoup parler d’elle car 4 monocars participent au Bol d’Or de cette même année (23 et 24 mai). Cette compétition (créée en 1922 par Eugène Mauve) a l’avantage d’avoir presque autant de catégories que de participants donc chacun peut remporter la sienne et se targuer d’avoir la meilleure voiture et la plus sportive dans ses publicités… 

Les 4 voitures présentées, 3 en catégorie « voiture de tourisme de 350 cc » et une en catégorie « voiture de course de 350 cc » (catégories différentes de celles de « cyclecar de 350 cc » ou de « voiture sport de 350 cc »!) finissent l’épreuve de 24 heures (ça il faut le faire et c’est du sport!) et remportent leur catégorie. 🙂 

Avec une telle renommée, on s’attend à un grand succès…

Mais de succès commercial, il semble qu’il n’y en ait pas eu! Combien y en-t-il de construits, de vendus, on ne sait pas?

Le fait est que Henry Jany est parti s’enfuir s’installer au Canada en laissant son entreprise aux établissements « Serville et Amouroux, mécanique générale ».

Ce Mr Amouroux est-il un des frère de l’entreprise de machines agricoles « Amouroux Frères » à Toulouse? –> NON d’après les différents retours que j’ai eu…

Quant au monocar Micron présenté ici, n°1064, il a appartenu à J.Amouroux.

 

Il semble que ce soit une des autos qui ont participé au Bol d’Or de 1926 et que, après quelques modifications techniques, elle a continué la compétition jusqu’à son hibernation, suite à une panne de magnéto en 1939.

 

 

 

 

 

 

Complètement restauré, il appartient aujourd’hui à un collectionneur et il a même repris une vie sportive en participant au Vintage Revival Montlhéry en 2019…

 

 

 

 

 

On l’aperçoit dans cette vidéo au VRM 2019 (avec un Villard, des Bédélia, etc…):

Combien y en a-t-il eu de fabriqués, on ne sait pas mais surement très peu. Et combien en reste-t-il? Au moins 3, semble-t-il puisqu’en voici deux autres…  (photos du net)


Voici un publi-reportage article élogieux par Charles Faroux paru dans L’Auto de novembre 1924 (trouvé sur Gallica, site de la BNF):

LE VEHICULE UTILITAIRE QUE NOUS ATTENDIONS !

Le Monocar MICRON

Nous avons noté, comme une des tendances principales de la production automobile de demain, la réalisation de véhicules du type utilitaire très étudiés dans leur conception, de façon à permettre une construction économique sans sacrifier aucune des conditions de sécurité, légères, de façon à diminuer les usures de bandages ainsi que les impôts, et capables d’assurer aussi bien, un service de ville qu’un service routier. Dans cet , ordre d’idées, nous avons noté quelques réalisations dignes d’attention; toutefois, et parce que le Véhicule dont il va être question n’avait pu être exposé au Grand Palais, il ne nous a pas été possible d’entretenir plus tôt nos lecteurs d’un petit engin entièrement nouveau dans son principe, extrêmement intéressant, et qui est le monocar MICRON.

Comme on va en juger, le constructeur du MICRON a étudié le problème avec beaucoup de sagesse; ce qu’il a voulu réaliser avant tout, c’est un instrument dé travail ne faisant pas double emploi avec aucune autre voiture existante, et qui d’ailleurs est aussi indispensable aux voyageurs qu’à l’homme appelé par ses affaires à se déplacer en agglomérations. Avec les embouteillages, en effet, qui croîtront de plus en plus, il ne paraît plus possible d’utiliser couramment pour le travail des voitures de grand encombrement; d’ailleurs, il y a disproportion dans la plupart des cas, entre le véhicule généralement employé et le fait que son possesseur est le plus souvent seul à bord.

Le monocar. MICRON est un véhicule à une place, dont la consommation est de 3 litres 700 aux 100 km. et dont la vitesse en palier est de 50 à l’heure ; Ces chiffres montrent déjà la nature du programme qu’on a voulu réaliser et qu’on a réalisé.

Le MICRON, en ordre de marche, pèse 190 kgs; la place qu’il offre au, passager est très confortable; d’ailleurs les coussins et garnitures sont ceux d’une grosse voiture. Le centre de gravité en a été très abaissé pour assurer une bonne tenue de route et, dans la réalité, le MICRON n’est pas un cyclecar exécution spéciale, mais bien une voiturette à une place, aussi bien par sa conception que par son emploi. Il servira tout aussi bien au possesseur d’une grosse voiture qu’au travailleur qui cherche en lui un moyen économique de se déplacer rapidement sans être assujetti aux transports en commun, et désireux d’étendre son rayon d’action comme son champ d’activité. On voit très bien, dans la plupart des cas, que le possesseur d’une voiture de famille utilisera son MICRON en semaine, et fera du grand tourisme le dimanche, en utilisant son autre véhicule.

Le moteur employé est naturellement un deux temps, moteur simple, robuste, facile à construire et indéréglable. Le refroidissement est assuré par thermo-siphon, l’allumage par une magnéto et deux bougies l’embrayage est un disque unique garni de Ferodo, la boîte comporte deux vitesses et une marche arrière par pignons droits. Il est à noter que le moteur, le changement de vitesse et le différentiel forment un bloc compact et sont assemblés dans un carter unique en deux pièces. Les roues avant sont donc aussi les roues motrices, ce qui est très bien vu pour un véhicule de ce type. L’ensemble ainsi réalisé est d’ailleurs tout à fait indépendant de la carrosserie, dont on peut se détacher en dévissant les boulons d’attache. Quatre ressorts transversaux à l’avant remplacent l’essieu. Du fait que les roues avant sont directrices, motrices et freinées, la tenue de route est parfaite, tout dérapage est impossible.

La maniabilité de ce petit véhicule dépasse tout ce qu’on pourrait imaginer, et il faut l’avoir essayé pour comprendre combien les applications pratiques du MICRON sont étendues.

Je féliciterai principalement les constructeurs, c’est-à-dire la Société des Automobiles Micron, à Toulouse-Castanet, d’avoir apporté un réel souci dans l’exécution de leur carrosserie; constituée par une armature semi-métallique indéformable, elle est spacieuse, elle admet l’installation d’une galerie sur la pointe de course arrière, et cette galerie peut recevoir des bagages ou une caisse d’échantillons jusqu’à un poids de 50 kilos. La capote; robustement établie, ferme hermétiquement et se replie, par beau temps, sans altérer l’esthétique de ce petit véhicule. Enfin, il ne saurait être question, sur un véhicule de ce prix (4.950 fr.), de prévoir une installation électrique coûteuse et compliquée. Le démarrage du moteur se fait au pied par le kick-starter, le générateur à acétylène peut être installé sur le marchepied, et les phares sont donc normalement à acétylène. Cependant, sur demande, et moyennant un supplément, on peut installer l’équipement électrique.

Le MICRON fixe donc un programme nouveau de construction, que je crois appelé un réel succès commercial. Le constructeur, M. Jany, et l’ingénieur, M. Serville, ont prouvé par cette réalisation, une connaissance approfondie des besoins de la majorité, et, très impartialement, leur exécution du MICRON dénote de grandes qualités mécaniques, qui sont déjà appréciées des compétences et qui leur vaudront un succès mérité.

C. Faroux

Vidéos de Marc Hendrix:

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