voici un article (de 1974) sur la Voisin C24 Carène de 1934. Le « clou » de cet article étant l’éclaté de cette auto dessiné par Serge Bellu! (en bas de page) 🙂
(malheureusement, je n’ai récupéré qu’une partie de l’article et non pas le journal complet et il en manque une partie… Ceci ne me fera pas bouder mon plaisir de lire et partager le reste 🙂 )
Il y a trois mois Gabriel Voisin s’éteignait (voir AJ n° 1 /74 (et l’article date donc de fin mars 1974)). Pour lui rendre hommage nous présentons aujourd’hui l’une de ses productions les plus caractéristiques : la C24 Carène. Caractéristique, car elle porte en elle tout le non-conformisme de son créateur.
Les automobiles Voisin sont parvenues aux avant-postes de la célébrité dans le sillage d’une clientèle très bigarrée. A l’origine, les sérieuses automobiles de Gabriel Voisin constituèrent le parc de l’Elysée, sous le mandat d’Alexandre Millerand, et celui de la cour de Yougoslavie. Anatole France, glorifié par son prix Nobel, parcourut les dernières années de sa vie au volant d’une digne limousine Voisin. Ainsi donc Gabriel Voisin se fraya d’abord un passage au milieu d’un public aristocratique, pris jusque-là entre Hispano-Suiza, Panhard, Renault, et quelques autres. Mais bientôt, les caisses inouïes de Gabriel Voisin, drapées d’aluminium et d’écossais, ne tardèrent pas à séduire un monde plus artiste. Rudolf Valentino tout gominé, Maurice Chevalier chapeauté de son canotier ou encore Joséphine Baker couverte de plumes projetèrent les Voisin sous les feux de la mode.
De Maxim’s aux planches de Deauville, les automobiles Voisin menèrent la même vie de faste et d’aventures que Gabriel Voisin au cours des années folles.
Ce sont des charmes uniques qui parvenaient à convaincre une élite originale et fortunée de débourser 95 000 F (soit aujourd’hui 82 000 F) pour une automobile à la mécanique toute raisonnable. Comme toutes les Voisin (sauf les C30), la C24 utilise un moteur sans soupapes du type Knight à distribution par doubles fourreaux concentriques. La boîte de vitesses proprement dite comporte deux rapports mais le tube de poussée du pont porte un relais électro-magnétique (Cotal) donnant deux vitesses supplémentaires commandées par un taquet disposé sous le volant. Le châssis surbaissé, outre qu’il procure une silhouette élancée au véhicule, mérite que l’on s’attarde sur deux points: les freins sur les quatre roues assistés par un servo Dewandre, et les ressorts de suspension arrière qui — sur le modèle 1934 — sont reliés au châssis non par une jumelle mais par une glissière.
Voilà donc une technique très conservatrice pour 1934. Il est vrai que ce châssis 17 CV C24 surbaissé était né deux ans plus tôt et qu’il dérivait de la C23 présentée en mars 1931. La 17 CV marque un tournant dans la production Voisin car elle est la réaction immédiate de Gabriel Voisin quand la crise est venue ébranler à jamais l’équilibre et la prospérité des usines Voisin. C’est peut-être pour cela que la Carène hésite de façon peu commune entre l’originalité et l’austérité.
La C.24 n’est pas la plus merveilleuse des Voisin loin derrière cette fabuleuse Diane construite à quelques exemplaires en 1930, exemplaires aujourd’hui perdus corps et biens. La C24 mérite tout de même des accessits sérieux bien que son esthétique anguleuse sonne en ’34 l’heure de la retraite (on n’était pas loin de l’Aérosport, carrosserie ponton). En revanche, les idées techniques qu’elle proposait au client méritaient une attention de première qualité, comme on va le voir. Fruit des concepts esthétiques de Gabriel Voisin elle garde par sa caisse surbaissée une élégance caractérisée due au parfait équilibre et à l’harmonie des lignes. Pour certains, mélange outrageant de finesse et d’austérité. Soucieux de côté plastique, G. Voisin n’en n’oubliait pas moins les impératifs pratiques que les constructeurs d’alors gardaient négligemment dans un recoin de cerveau : outre le coffre à bagages arrière classique, deux malles d’appoint faisaient corps avec les marchepieds. Entièrement en aluminium comme l’ensemble de la carrosserie, l’un et… (il manque la dernière page… 🙁 Si quelqu’un l’a, ça m’intéresse 🙂 )
LE BEAU EST TOUJOURS BIZARRE
Nous ne reviendrons pas sur le génie de Gabriel Voisin cette affirmation s’apparente à un lieu commun. Gabriel Voisin a produit trente types d’automobiles entre 1919 et 1939. Si cet éminent ingénieur ne rechignait pas devant les audaces mécaniques, ce sont avant tout ses talents de carrossier qui l’ont propulsé à l’avant-garde de l’automobile. Nous avons donc choisi les quatre grandes étapes de l’évolution de la stylistique de Gabriel Voisin.
1 – La lumière entre dans les automobiles:
Après avoir produit quelques austères carrosseries, Gabriel Voisin crée en 1925 une carrosserie surnommée « lumineuse » qui tranche nettement sur les modèles contemporains. La surface vitrée paraît en effet très généreuse grâce à des montants très minces et des vitres inclinées. Pour la construction, Gabriel Voisin innove en utilisant l’aluminium pour ses caisses et en excluant toute surcharge en bois pour le châssis. Ainsi naquirent la visibilité et la légèreté en matière automobile.
2 – L’élégance dans la rigidité:
Dès le début, Gabriel Voisin a donné à ses automobiles des silhouettes anguleuses à l’extrême. Honnêtement plusieurs d’entre elles choquaient le bon goût, mais en 1929, il présente la Simoun qui restera le summum de la production Voisin. L’ensemble est un prodige d’équilibre. La garde au sol réduite, le dépouillement des surfaces latérales libérées de toutes moulures, les proportions idoines de chaque ligne droite, tout concourt à l’harmonie de cette impressionnante automobile.
3 – La résurgence de l’aéronautique:
En 1934, les productions Voisin changent totalement de style. Les berlines sont nanties d’une carrosserie aérodynamique qui s’inspire du profil en aile d’avion. Les ailes, la ceinture de caisse et la ligne du toit suivent ainsi une courbure continue tout au long de l’Aérodyne. Etrangement la calandre demeure verticale. Malgré ses progrès aérodynamiques, cette Voisin reste fidèle à un style droit et anguleux.
4 – Un pas vers le futur avec le ponton.
En 1936, Gabriel Voisin va encore plus loin dans sa révolution aérodynamique. Pour la première fois, une voiture de série est habillée d’une carrosserie « ponton » c’est-à-dire avec les ailes totalement intégrées à la ligne. C’est une énorme nouveauté et même si la réalisation s’avère plutôt laide (je ne suis pas d’accord… 🙂 ), elle annonce les formes des années cinquante. Ce fut le principal grief que l’on formula à Gabriel Voisin, d’avoir passé sa vie à l’avant-garde du progrès.
Il en existe une deuxième connue, son propriétaire était connu mais elle a disparu suite à une vente aux enchères dans les années ’80/’90… Quelqu’un sait-il ce qu’elle est devenue et où elle est aujourd’hui?
Je pense avoir dans mes archives les deux malles d’appoint en aluminium.
Si cela interresse un propriétaire de Voisin….