extrait du livre « 100 ans d’Automobiles françaises » concernant la marque Salmson:
1921-1957. La marque aux «2 arbres en tête »
Dans les gammes des grands constructeurs, cette disposition mécanique du moteur, qui fut longtemps l’apanage des modèles très spéciaux et de compétition, est encore synonyme de solution réservée aux têtes de gammes sportives. Pour Salmson, cette conception fut aussi ancienne que la marque; et si, parallèlement, un autre système fut utilisé pendant 9 ans, toutes les voitures produites après 1929 eurent sous leur capot un moteur à «2 arbres en tête », selon le langage familier. Lorsque la Société des Moteurs Salmson, construisant à Billancourt des moteurs d’avions système «Canton-Unné », décida de construire ses propres cyclecars, l’ingénieur É. Petit imagina un moteur 1 100 cm3 doté d’un curieux mécanisme de soupape à un seul culbuteur par cylindre. Connu sous le nom de « monoculbuteur », il fonctionnait fort bien et, de 1921 à 1929, près de 8 000 cyclecars AL (du nom d’Albert Lombard, ingénieur et pilote de la firme) et voiturettes (Val/Val 3) eurent ce système.
Toutefois, dès 1921, un moteur « monoculbuteur » fut transformé en «2 arbres en tête » pour la course, et cette solution fut adaptée aux 4 voitures de compétition qui, en 1922, inaugurèrent 10 ans de succès sportifs de la marque.
1921-1929. Quand Salmson courait… et gagnait
Cette période constitua la première phase de l’existence des Automobiles Salmson, où se forma leur image de marque. L’usine construisait les légères AL/Val, ainsi qu’un type D, baptisé 10 CV, qui cachait sous d’agréables carrosseries « maison » un moteur «2 arbres en tête ».
Pendant ce temps, les 1100 Sport et Course glanaient sur les circuits un nombre considérable de lauriers avec, en toile de fond, les exploits d’une 8 cylindres à compresseur de même inspiration. Avec les séries GS/SS ou GSG, le zénith fut atteint. Leur succès à Saint-Sébastien leur donna la gloire et leur nom. Leurs performances aux 24 Heures du Mans permettent de chiffrer leur efficacité et leur solidité.
En 1927, elles gagnaient à l’indice de performance à 83,423 km/h de moyenne. L’année suivante, le même équipage Casse et Rousseau terminait 10ème à la distance et 1er à l’indice à 92,018 km/h, soit 17,26% de moins que la Bentley 4 litres 1/2 gagnante qui disposait de… 301% de cylindrées en plus!
1930-1957. Jeunesse sportive ne se perd jamais
Après ces résultats spectaculaires, Salmson jugea possible de tourner la page, et entra dans sa seconde phase la conception d’une voiture légère de tourisme exploitant les enseignements des 9 ans de compétition.
Née pour le millésime 30, cette 7 CV Salmson « S4 » conserva d’abord l’aspect léger de ses devancières, puis s’étoffa régulièrement en cylindres et en dimensions. La S4C de 1933 passa à 8 CV, suivie de la S4D 9 CV en 1935, elle-même remplacée par la S4DA 10 CV en 1937, illustration typique des Salmson de 2ème génération. Certaines reçurent des boîtes de vitesses électromagnétiques Cotal.
A ce stade, Salmson s’était attaché une clientèle très typée, des enthousiastes convaincus de la marque dont beaucoup ne voulurent pas se séparer jusqu’à sa disparition. C’étaient en général des hommes et des femmes d’action, s’attachant à l’originalité de bon goût, mais ne voulant pas être déçus. Avec les S4D/DA, puis la spacieuse E du proche avant-guerre, ils avaient de quoi être satisfaits, à condition que l’entretien de leur voiture soit effectué par des spécialistes qualifiés.
Converti à l’automobile, le célèbre mécanicien Besin, « mécano » du non moins célèbre aviateur Pelletier d’Oisy, résumait parfaitement cette situation « Un (moteur] Salmson, ça s’refait pas n’importe comment: faut des doigts fins; sinon, on « fait » un veau! » (octobre 1944).
Le constructeur fut tenté par le moteur 6 cylindres; mais le prototype ne fut jamais suivi de production en France et seule la « British Salmson », la branche anglaise, commercialisa en 1936 un châssis équipé d’un très beau 2 litres 1/2 Six à « 2 arbres en tête ».
Aboutissement réussi
Conservant son « tandem » à succès de 1939, la 10 CV S4-61 et la 13 CV S4E, Salmson modernisa le style mais sans rupture, et créa la berline «Randonnée ». En 1951, la marque se concentra sur un modèle unique, très nouveau : le type G 72; légèrement réduit en cylindrée, le moteur «2 arbres » fut conservé, et une carrosserie entièrement nouvelle habilla ce châssis, avec lequel Salmson revint à la compétition.
Le pilote R. Cotton s’illustra dans Liège-Rome-Liège, à Monte-Carlo et à la Coupe des Alpes. La G 72 connut le succès sous le nom de «2300».